- Accueil
- Japon contes et légendes
Japon contes et légendes
A SUIVRE .......
Zashiki Warashi, l’enfant Yokaï de la bonne fortune
Zashiki Warashi est un esprit domestique ressemblant à un où une enfant de trois et quinze ans.
Il porte bonheur à la maison ou le batiment qu’il habite, par exemple une auberge traditionnelle, s’il part, la maisonnée ou l’entreprise périclite, c’est pourquoi des sociétés Japonaises construisent des pavillons pour leur Zashiki Warashi.
Il faut estimer cet esprit comme son enfant, même s’il fait des bétises.
Les garçons portent des vêtements sombres en tissu et les filles parfois un kimono à longues manches rouge.
Ils dansent le Kagura la nuit et laissent de petites empreintes de pieds dans les cendres.
Ils s’amusent avec les oreillers et les futons et jouent avec les enfants de la maison
‘’Aube glaçée, chant de grillon, c’est mon enfant qui dort’’
Mukaï KYORAI (1651-1704)
Les Yokaï, démons et autres revenants Japonais
Les Yokaï regroupent tous les phénomènes étranges et surnaturels qui surviennent au Japon.
Ces créatures fantastiques anciennes rendent le quotidien de l’archipel très mystérieux.
Sur l’île d’Okinawa, par exemple, toute spatule à riz jetée devient un cochon blanc fantôme, si des baguettes ont disparu de la cuisine, c’est qu’elles se sont transformées en poisson puis ont bondi dans le trou de l’évier.
A Kyoto, les objets ayant dépassé l’âge vénérable d’un siècle forment des processions démoniaques.
Pour faire apparaître un Yokaï, rien de plus simple, il suffit de s’installer dans le noir de la nuit avec quelques amis, entourés d’une centaine de bougies, puis de se raconter cent histoires surnaturelles Japonaises.
Lorsque toutes les bougies se seront éteintes et que tous les récits auront été racontés, un Ykaï apparaîtra.
A méditer : Soir de printemps, de bougie en bougie la flamme se transmet.
La promise du dieu Dragon
Il ne pleuvait jamais, cette année-là, le village se desséchait, les récoltes semblaient perdues, désespéré, le maire en appela au Dragon, dans le secret d’une nuit chaude et suffocante.
Seigneur, si vous nous apportez l’eau en abondance, je vous offrirai ma fille unique.
La pluie crépita soudain en abondance autour de lui, quelque temps plus tard, le village, désormais sauvé, travaillait aux moissons du riz, survint un vendeur d’éventails devant la demeure du chef de la bourgade.
Offrez-moi l’hospitalité, je donnerai deux de mes plus beaux éventails à votre fille, l’étranger était fort bel homme, et ses éventails se révélèrent somptueux, sur l’un s’étendait les ailes d’or d’un rapace, sur l’autre gambadait un renard Kitsume blanc aux longues oreilles, il fût reçu avec les meilleurs égards.
Le lendemain, la jeune fille du chef du village était assise dans la cour de la demeure, jouant un air triste et doux sur son Shamisen, faisant gémir l’instrument de musique, l’inconnu s’empara de ses deux éventails et commença à danser avec grâce, ses gestes étaient lents et raffinés, l’aigle et le rapace semblaient s’animer et prendre vie sous son art, son Kimono hypnotique, chatoyait de mille feux.
Eperdue d’admiration, la jeune fille suivait les pas du danseur, celui-ci se mouvait de plus en plus vite, au fur et à mesure de l’accélération de la mélodie, qui s’emballait à l’unisson du cœur de la belle.
Tourbillonnant, les éventails claquant au vent, le dragon quitta sa peau humaine, il se révéla dans un ultime bond gracieux, emportant sa fiancée au loin, vers les nuées célestes.
A méditer : ce qu’un homme ne dit pas est le sel de la conversation
‘’Le palais du dragon avec la marée basse d’aujourd’hui aère tout au soleil’’
Matsuo BASHO (1644-1698)
La Tisserande du ciel et le bouvier
Nul ne sut jamais dans quelles circonstances la fille du ciel tomba amoureuse d’un humble mortel, peut-être que le jeune bouvier Hikoboshi chantait sous le ciel étoilé, alors qu’il veillait sur ses bovins assoupis ?
Toujours fût-il qu’un jour, une beauté céleste émergea de bambous qui poussaient droit vers le firmament, puis frappa à la porte de sa modeste demeure, elle portait un Kimono léger couleur de nuit et sa coiffure était piquée de fleurs de cerisier.
Epouse-moi, lui dit-elle, je suis excellente tisserande et mon nom est Orihime, le bouvier, Hikoboshi était pauvre, décontenancé par la proposition de la femme étoile, il refusa tout d’abord arguant que leurs mondes étaient trop lointains, la jeune fille argumenta alors avec élégance ; deux cents pas jusqu’au boulanger, et sept pas jusqu’à la voie lactée.
La jeune femme était magnifique, face à son insistance, le bouvier céda, ils s’épousèrent sous une pluie d’étoiles filantes, les renards des cieux, Orihime vint habiter chez lui et deux enfants naquirent de cette union, une fille et un garçon.
Au début de leur mariage, la fille des étoiles nettoyait la maison de Hikoboshi, réparait ses habits, élevait des vers à soie et cultivait jusqu’aux sols les plus arides, elle n’oubliait pas de tisser de somptueux Kimonos pour son père, le seigneur du ciel.
Le bouvier travaillait également sans relâche, il menait ses vaches aux pâturages, les trayait et les spoignait avec soin, mais au bout d’un moment, vinrent la lassitude et la langueur, tous deux se ramollirent d’amour et cessèrent leurs tâches.
Ils ne faisaient plus que se regarder l’un l’autre, éperdus d’adoration, le père d’Orihime, outré par le comportement de sa fille, lui intima l’ordre de revenir au ciel afin d’en redevenir la tisserande, il lui fallut obéir en pleur, Hokoboshi s’élança à la suite de la tisserande du ciel désespéré.
Afin d’empêcher le bouvier d’atteindre le royaume céleste, les dieux firent surgir un fleuve infranchissable entre le monde des hommes et celui des divinités, la voie lactée.
Ayant constaté qu’Orihime et son mari avaient recommencé leurs travaux respectifs avec sérieux, ils prirent leur détresse en pitié, ils permirent à Orihime, au bouvier et à leurs enfants de franchir la rivière d’étoiles une fois l’an, la septième nuit du septième Mois de l’année, pour se revoir.
Une célébration en l’honneur de la tisserande du ciel et du bouvier a lieu tous les ans au Japon, le plus souvent le sept Juillet, le Tanabata, la fêtes des étoiles.
Autrefois, les nobles déclamaient de la poésie sous le firmament, lors d’une cérémonie de cour, désormais, les Japonais mangent des nouilles très fines, les Sôme,, en hommage aux fils du métier à tisser d’Orihime, ils écrivent leurs souhaits sur une carte et fabriquent des banderoles en forme de cylindre (les Fukinagashi), des filets de pêche en papier et des origamis en forme de portefeuille ou encore de grue (les Orizuru), pour favoriser la longétivité.
Ils en décorent un bambou, avant de faire dériver celui-ci dans la rivière ou encore de la brûler, pour que leur vœux se réalisent.
A méditer : L’amour est au-delà de la raison
‘’Quand je me lève, il titube, le ciel étoilé’’
Sumitaku KEMSHIN (1961-1987)
Histoire du coupeur de bambous, Kaguya, la princesse de la lune
Cette histoire est si ancienne, que l’un des personnages du roman Japonais des dits du Genji, datant du IXème siècle, affirme qu’il s’agit du père des contes.
Ce récit a été consigné par écrit à la cour impériale du trône du Chrysanthème, la légende de la princesse de la lune y a été transcrite en écriture Hiragana, un alphabet principalement utilisé par des femmes et permettant de mieux exprimer les sentiments.
Il était une fois un vieil homme qui coupait des bambous, nommé Taketori-no-Okina.
Un jour qu’il oeuvrait à son habitude dans la montagne, il découvrit un bambou qui luisait comme de l’or, scintillant dans le matin, il s’approche, casse les branchettes de bambou, et sous sa lame le bambou doré tombe.
Il y découvrit un tout petit bébé à l’intérieur, une fille aux cheveux d’or, de la taille de son pouce, avec sa femme, ils la chérirent immédiatement, n’ayant pas d’enfants, il l’élevèrent et la nommèrent Kaguya-Hime, la princesse lumineuse.
Le vieil homme ayant également trouvé une pépite d’or non loin du bambou miraculeux, la famille prospéra, la petite grandissait, devenant une jeune fille resplendissante, à la taille parfaite.
Elle disait à ses parents adoptifs, qu’elle venait de Tsuki-no-Miyaki, la capitale de la lune, elle était devenue la plus belle jeune fille de tout l’empire.
Japon, un jour une pensée
Cinq princes vinrent se disputer sa main, mais Kaguya-hime souhaitait demeurer libre, elle leur imposa donc des épreuves terribles : le premier devait lui apporter le bol qu’usait Bouddha lorsqu’il mendiait, le deuxième, une branche de bijoux provenant du jardin de l’immortalité de Chine, le troisième devait trouver la robe élégante d’un rat de feu légendaire, le quatrième un collier de pierre arc-en-ciel porté par un dragon et pour finir le cinquième devait récupérer un mystérieux coquillage dans le nid d’une hirondelle.
Tous échouèrent, certains apportèrent de faux objets, la quatrième prétendant renonça, alors que le dernier périssait dans sa tentative.
Ce fut au tour de l’empereur du Japon, la Mikado, de tomber amoureux de Kaguya-hime, il lui proposa le mariage à de nombreuses reprises, mais la belle déclina l’honneur à chaque fois.
Je ne suis pas de ce Pays, déclara-t-elle, je ne peux me rendre au palais à vos côtés.
Tout en maintenant une relation épistolaire poétique avec l’empereur, Kaguya-hime devint de plus en plus mélancolique, elle pleurait en regardant la pleine lune, qui était si grande cet été là, sa tristesse augmentait de nuit en nuit, elle ne fait plus que lire et admirer l’astre lunaire.
Bientôt le peuple de la lune viendra me chercher, soutint-elle à ses parents éplorés, le Mikado alarmé, fit garder la demeure de la belle et patrouiller des gardes tout autour de la propriété, mais une nuit, une ambassade d’êtres lunaires les aveugla de leur clarté et toquèrent à la porte de Taketori-no-Okino.
Il me faut partir avec eux, expliqua la princesse Kaguya, c’est mon destin, car je viens de là-bas, elle embrassa ses vieux parents en pleur et leur donna une lettre, elle écrivit également une dernière missive touchante à l’empereur qui l’avait tant aimée et la remit à l’un de ses gardes.
Puis les êtres de la lune lui firent boire de l’elixir d’immortalité et vêtir un Hagoromo, une robe à plumes, a partir de cet instant, elle oublia tout ce qui la rattachait encore à la terre, elle monta vers le ciel nocturne heureuse.
Derrière elle, elle laissait des parents adoptifs éplorés et un Mikado au cœur brisé.
Alors que le garde lui remettait la dernière lettre de la princesse de la lune ainsi qu’un pot d’elixir d’immortalité, qu’elle lui avait laissé en cadeau, celui-ci fut très ému, il demanda à ses conseillers qu’elle était la montagne lka plus haute de son empire, étant le Mont Suruga, tout en haut de celui-ci, il y fit incinérer sa lettre de réponse, ainsi que son somptueux présent.
A quoi bon vivre éternellement, si la dame de mon cœur a quitté ce monde, soupira-t-il ?
Et ce fut pour cette raison que le grand Mont de la province de Suruga devint le Mont Fuji, la montagne d’éternité.
Le feu du Mikado, y brûle encore, tout en haut, dans l’espoir que son message d’amour parvienne à la princesse de la lune.
A méditer : les mots que l’on ne dit pas, sont les fleurs du silance.
Haku signé Choshu
‘’Fut-ce en mille éclats, elle était toujours là, la lune dans l’eau’’
Ueda CHOSHU (1852-1932)
Conte du pêcheur Urashima Tarö et de la tortue
Urashima Tarö était un pêcheur habitant le petit village de Mizunoé, au cap Nagasakibana, pauvre mais très honnête et travailleur, il avait le cœur sensible.
Un soir, alors qu’il posait sa barque sur le sable blanc du rivage, il croisa un groupe d’enfants sur la plage, ceux-ci tourmentaient une tortue, qu’ils avaient retourné sur sa carapace, la pauvre créature agitait ses pattes avec désespoir.
Urashima Tarö
Vous méritez des fessées s’écria le marin furieux, craignez le courroux des dieux de l’Océan, les garnements s’enfuient comme une horde de moineaux, Urashima vint au secours de la tortue et la remit à l’eau avec délicatesse, ‘’me voici de retour là où le bleu de la mer est sans limite’’, soupira celle-ci, soulagée.
Merci, Urashima, pars avec moi, je suis Otohime, la fille du dieu de la mer, autrefois on m’appelait Tomotaya-Hime, mais c’était il y a si longtemps que j’ai presque tout oublié de cette époque, alors que le pêcheur hésitait, décontenancé, une vive douleur lui transperça le cou, il y porta la main, suffoquant, des branchies !!
Il plongea, à la suite de la magnifique tortue aux cinq couleurs chatoyantes, l’eau s’engouffra dans sa bouche, il respirait, agrippé à la carapace de l’animal, Urashima fût entraîné vers les abysses, en récompense de son sauvetage d’Otohime, il fût accueilli en hôte de marque dans le magnifique palais du roi Dragon Ryujin, dès qu’elle y posa la patte, la tortue se métamorphosa en déesse Kami à la beauté Océane.
Urashima Tarö, reçu comme un prince, dîna de plats délicieux apportés par des dragons à queues dorées en compagnie de la princesse, puis il visita les jardins du palais des Océans, chaque parterre s’épanouissait dans une saison différente, il passa ainsi trois jours de rêves et d’enchantements en compagnie d’Otohime, mais il commençait a ressentir le mal du pays.
Ma pauvre vieille mère doit me croire disparu en mer s’inquiétait-il, la belle Otohime tenta de le dissuader et de le tenir à ses côtés, ‘’sur le sable du rivage à chaque trace de pas le printemps s’allonge’’, lui expliquait-elle, mais le pêcheur était convaincu que son devoir était de retourner auprès des habitants de son village.
En guise de cadeau d’adieu, la déesse Otohime lui remit alors une petite boite à bijoux laquée et sertie de perles, qu’il ne devait ouvrir sous aucun prétexte, après l’avoir tendrement embrassé, elle le raccompagna sur le rivage et repartit vers l’horizon.
Urashima pris la direction de sa chaumière, mais se perdit, tout avait changé durant son absence, lieux, villageois, plus rien ne lui était familier, lorsqu’il parvint à la masure, celle-ci n’était plus que ruines, au milieu desquelles prospérait un magnifique cerisier en fleurs.
Pardon, mais qu’est-il arrivé à la maison de ma mère ? je suis Urashima, le pêcheur, demandait-il à un vieillard qui fronça les sourcils intrigué, il y a trois-cents ans, dans ce village, disparut un marin portant ce nom, avalé par les flots et sa mère mourut de chagrin, la tombe de cette pauvre âme se trouve au fond du jardin, éperdu de détresse, Urashima courut vers le rivage, et pleura d’avoir tout perdu, désespéré, le pêcheur ouvrit la boite que lui avait confié la déesse, un nuage d’écume l’entoura, son dos se courba, ses traits se ridèrent, une longue barbe blanche lui poussa.
Lorsque le brouillard se dissipa, ne demeurait plus qu’un vieux cadavre racornis étendu sur le sable blanc.
A méditer : le corps meurt, mais les écrits et le souvenir lui survivent.
‘’Une tortue chante on dit que l’homme fait mieux de rester silencieux’’
Tagawa HIRYOSHI (1914-1999)
Histoire des princesses Toyotama-Hime et Tamayori-Hime, les filles du dieu de la mer
La divinité des mers Watatsumi (également nommé Ryujin sous sa forme de dragon) avait deux filles à l’âme tendre, elles étaient belles comme des bijoux.
Toyotama-Hime et sa cadette Tamayori-Hime, faisaient la joie de leur père lorsqu’elles jouaient en riant dans le fabuleux palais aquatique de Ryugu-jo, la demeure du roi des mers est construite en immenses arêtes de poisson, dans les abysses.
Un jour, sur la terre ferme, le jeune Hoori, surnommé ‘’le chanceux de la montagne’’, emprunta un hameçon à son grand frère, le marin Hoderi surnommé lui-même ‘’le chanceux de l’Océan’’.
Toyotama-HimeToyotama-Hime
Chasseur émérite, il se révéla moins bon pêcheur que son frère et perdit le crochet, ce fût en cherchant qu’il rencontra la belle Toyotama-Hime, le dieu de la mer reconnu immédiatement en lui le descendant des Kamis célestes et lui accorda la main de sa fille lors d’un banquet fastueux.
Le couple vécu heureux durant trois ans, sous les eaux, mais se remémorant la promesse faite à son frère de lui retrouver son hameçon, l’ancien chasseur souhaita honorer celle-ci, le crochet avait été découvert dans la gueule d’une dorade au large et était de nouveau en sa possession, il regagna la plage sur le dos d’un requin, tandis que sa femme Toyotama-Hime, enceinte, le suivait sur la carapace d’une tortue.
Une fois arrivé sur le sable, celle-ci annonça qu’elle accoucherait bientôt, Hoori commença alors à lui construire une confortable cabane sur la plage, dont la toiture était recouverte de magnifique plumes de Cormorans, mais celle-ci n’était pas encore achevée lorsque les premiers signes de la délivrance se manifestèrent.
Toyotama-Hime, demanda à son mari de ne surtout pas regarder à l’intérieur, au bout d’un long moment, Hoori était mort d’inquiétude et de curiosité, rien qu’un coup d’œil, un seul, se dit-il, tout en escaladant discrètement la toiture inachevée.
Les plumes de la toiture étaient douces sous les paumes du chasseur, il se pencha sur une petite ouverture et son cœur s’emballa, à l’intérieur de la hutte de délivrance, un crocodile enlaçait un bébé nouveau-né avec la tendresse d’une mère…
Toyotama-Hime ne pardonna pas à Hoori d’avoir découvert sa véritable apparence, elle l’abandonna, confiant la garde de son enfant Ugayafukiaezu à sa petite sœur Tamatori-Hime.
Celle-ci l’éleva, puis l’épousa, de leur union , naîtra un jour Jimmu, le premier empereur du Japon…
A méditer : La vie est une flamme de bougie dans le vent.
‘’Peu à peu mes poumons se teignent de bleu voyage en mer’’
Shinohara HOSAKU (1906-1936)
le triste destin de Ko-no-I-Iana, la déesse Sakura du Mont Fuji
Ninigi-no-Mikoto rencontra sa future femme, la princesse Fleur Ko-no-Hana Sakuya-Hime, signifiant à l’orée des vagues du cap de sabre à l’ombre.
princesse Fleur Ko-no-Hana Sakuya
Délicate et élégante, la Kami lui rendit son amour sans se soucier du monde, malheureusement, le fils du ciel se vît plutôt proposer la de la sœur ainée de Ko-no-Hana par leur père, le dieu des montagnes Oyamatsdumi, mais la princesse du Roc était aussi solide et massive que sa petite sœur Ko-no-Hana était frête et gracieuse, soit tout l’inverse.
Amoureux de la Kami des fleurs et non de celle du Roc, Ninigi renvoya la malheureuse grande sœur et s’unit sans attendre à la cadette.
Le père couvert de honte tonna à son encontre et maudit la lignée de Ninigi et celles des hommes sous sa protection, souhaitant voir leur vie aussi résistantes que la roche est indifférente à la neige et au souffle du vent, à présent, dit-il, vos destinées à tous seront plus fragiles qu’une fleur de cerisier.
Puisqu’il le faut, entraînons-nous à mourir à l’ombre des fleurs, répliqua Ninigi, fou d’amour pour Ko-no-Hime, mais leur bonheur fut aussi bref que le printemps, presque immédiatement, la princesse des fleurs lui annonça qu’elle était enceinte.
Ninigi, pensant cela rapide, était suspicieux et jaloux, il interrogea rudement la belle, lui demandant si sa grossesse n’était pas plutôt l’œuvre d’un autre Kami, Papillon voltige dans un monde sans espoir, se lamenta Ko-no-Hime, déshonorée, ta descendance sera indemne, s’il s’agit bien de la tienne !
Lorsque vint le moment de la délivrance, la déesse furieuse s’enferma dans une hutte sans porte et mit le feu, alors qu’elle brulait vive, elle mit au monde trois garçons en excellente santé : Hoderi, Hosuseri et Hoori.
En hommage aux circonstances de leur naissance, les trois prénoms des enfants comportent en eux le Kanji du feu.
Tuant une mouche, j’ai blessé une fleur, pleura Ninigi avec regret, désormais veuf, en mémoire des flammes et des fleurs, Sajuya-Hime est la Kami protectrice des sanctuaires du mont Juji.
‘’ Tous en ce monde sur la crête d’un enfer à contempler les fleurs’’
Kobayashi ISSA (1763-1828), voir ci-dessous.
Arrivée sur terre du prince Minigi, l’ancêtre des empereurs
Ninigi-no-Mikoto est un dieu Kami du Shintoïsme, il est le ‘’sublime petit-fils’’ de la déesse du soleil Amaterasu.
Sa descente sur terre, avec sa suite divine, le long du pont céleste, est nommé le teson Korïn, sa procession céleste comporte les ancêtres mythiques de clans proches de la lignée impériale : le clan Fujiwara, le clan Inbe, ainsi que des clans spécialisés dans les rituels religieux.
Afin que Ninigi gouverne la terre en toute sérénité, la déesse solaire Amaterasu a offert trois objets inestimables à son petit –fils, : le miroir de Yata, son collier de fertilité Magatama et l’épée Kusanagi-no-tsurugi, que son frère Susanoo avait trouvé à l’intérieur du serpent amateur de Saké, ces trois objets forment le trésor impérial sacré du Japon, encore aujourd’hui.
L’ouvrage Kojiki raconte que lors de sa descente des cieux, Ninigi dut affronter Saruta-Hiko, l’imposant gardien du pont du ciel, qui contesta sa suprématie sur terre, le gardien étant également saint patron Shintoïste de l’Aikido, a l’aspect d’un Tengu, une sorte de démon rapace au nez crochu et à la peau rouge.
Statue de Ninigi visible sur le point de vue de Kunimigaoka
Toutefois, grâce au charme et aux plaisanteries de la déesse de l’aurore Ame-no-Uzume, le gardien finira par baisser sa lance et son sabre incrusté de pierres précieuses devant la puissance de l’Amatsukami Ninigi, non sans avoir reçu un petit coup sur son long nez, de la part de la belle Ame-no-Uzume, cela n’empèchera pas celui-ci d’épouser la séduisante danseuse, par la suite.
Ninigi-no-Mikoto s’installe dans un palais somptueux, non loin de la cîmede mille Epis, dans le pays ‘’tourné vers le soleil’’ de Himuka, à Hyüga, avec sa femme, la magnifique déesse Ho-no-Hana, il règne donc sur le Japon depuis l’île volcanique de Kyüshü, au climat subtropical, cette région insulaire paradisiaque sera le berceau de la civilisation Japonaise à venir…
La dynastie impériale Japonaise, des souverains de lignée divine, le dieu Ninigi est l’arrière-grand père de l’empereur Jimmu, le premier empereur légendaire de l’archipel, celui-ci aurait fondé l’empire aux alentours de l’an 660 avant J_C.
Empereur Jimmu
Il est l’ancêtre de la famille impériale du pays du soleil levant, jusqu’à l’achèvement de la seconde guerre mondiale, l’empereur du trône du Chrysanthème était donc considéré comme une divinité foulant le sol terrestre, dont le culte était sacré.
A méditer : Regarde toujours dans la direction du soleil levant et tu ne verras jamais l’ombre derrière toi.
La promesse du lapin blanc d’Inaba.
Il était quatre-vingt-un frères, qui faisaient procession en direction du château d’Inaba , originaire de la région d’Izumo, ils souhaitaient tous prétendrent à la main de la magnifique princesse Yagami Hime.
Les quatre-vingts premiers fils avaient fière allure, avec leurs armures superbes et leurs sabres Katanas brillant sous le soleil, par contre, le dernier d’entre eux croulait sous une montagne d’affaires et de linges divers, appartenant à ses autres frères, Okuninushi n’était que le soufre douleur de la famille.
Croisant sur la plage un jeune lapin meurtris et désemparé, les quatre-vingt ainés lui recommandèrent de se baigner dans l’océan et de sécher ses plaies au soleil, puis ils continuèrent leur chemin, un sourire cruel accroché à leurs lèvres, Hélas, se lamentait le lapin, j’ai suivi leurs conseils et je souffre mille mort.
De nombreuses heures plus tard, Okuninushi advint à bout de force, traînant les bagages de ses frères, il croisa également le lapin blanc en pleur, qui lui raconta avoir souhaité voir du pays, il a donc défié les requins de la mer en proposant de les compter, afin de leur prouver qu’il existait plus de lapins que de requins dans le monde, les squales se sont alignés et j’ai sauté sur leur dos tout en les comptant un à un, de l’île d’Oki vers le cap Keta, mais j’ai été distrait par les vagues, j’en ai perdu le compte, ils m’ont puni pour ma négligeance.
Okuninushi eut pitié du pauvre lapin, il nettoya ses plaies à l’eau douce et fit des cataplasmes de pollen de jonc pour apaiser ses souffrances, Le lapin remercia le jeune homme et lui déclara que la princesse Yagami sera sa femme et cela même s’il n’est que le porteur des affaires de ses frères.
Et en effet, il fût le seul prétendant à trouver grâce aux yeux de la princesse, ses frères très en colères, l’assassineront de nombreuses fois, Okuninushi, après avoir bénéficié de plusieurs résurrections grâce à sa mère Kami, finira, après le décès de sa princesse, par se réfugier dans les royaumes souterrains, il y tombera fol amoureux de la fille du dieu des tempêtes Susanoo, la princesse Suseri.
Sa beauté irréelle, sublimée par son Kimono couleur de ténèbres, lui donnera le courage de résister aux nombreuses épreuves imposées par son beau-père divin, Okuninushi, la princesse Suseri à ses côtés, deviendra le gouverneur d’Izumo, depuis son château au pied du mont Uka, il règnera sur le monde invisible et les puissances magiques.
Le grand temple d’Izumo, l’un des sanctuaires majeurs du Japon, lui est dédié.
A méditer : Celui qui sourit au lieu de s’emporter est toujours le plus fort.
‘’Herbes de l’été des valeureux guerriers la trace d’un songe’’
Matsuo BASHO (1644-1695), voir ci-dessous
Le combat à mort de Fujin et Raijin.
Les dieux jumeaux du vent et du tonnerre sont parfois considérés des démons Oni, dont ils partagent certaines caractéristiques physiques.
Ils ont la peau empourprée par la rage et sont vêtus de dépouilles de bêtes.
Fujin et Raijin
Fujin possède un sac qui contient le vent, jaloux du pouvoir de son frère Raijin, le maître de la foudre, il parvint à remporter la victoire, déchaînant la colère de celui-ci, ils sont à l’origine des terrifiants typhons qui s’abattent sur le Japon.
Raijin aurait eu raison de l’invasion mongole qui visait l’archipel Japonais en l’an 1274, grâce aux battements de ses marteaux sur les tambours de tonnerre, il donna vie au ‘’vent divin’’, Kamikaze, qui détruisit l’immense flotte de Kubilai Kan.
Avec Fujin, ils n’eurent de cesse de s’affronter, jusqu’à s’entretuer.
A méditer : On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite.
L’affrontement entre le Dieu des tempêtes Susanoo et Yamata-no-Oroshi le serpent à huit têtes.
Le dieu des orages, Susanoo , désormais chassé du ciel par la déesse du soleil Amaterasu, pris la direction d’Izumo, ce territoire isolé était situé dans le royaume des hommes nommé, ‘’Le pays du milieu’’ , c’était une région du côté sombre de la montagne.
L’exilé divin y trouva un couple de vieillards éplorés, sur les berges de la rivière Hij, le fleuve de feu, ils avaient autrefois huit magnifiques filles, mais un terrible serpent à huit têtes, Yamata-no-Oroshi , en avait mangé sept, le reptile réclamait désormais qu’on lui servît la dernière d’entre elles, la belle Kushinada , à la tombée de la nuit.
D’un naturel aussi colérique qu’impulsif, Susanoo sentit son cœur de Kami s’emballer face à tant de beauté et d’injustice, il sauverait la jeune fille, si ses parents voulaient bien lui accorder sa main.
Révélant alors sa nature divine, Susanoo transforma la maison en place forte, autour de la demeure, s’érigeait désormais d’épaisses murailles crénelées, comprenant huit passages étroits.
Bien en évidence devant celles-ci, le dieu des tempêtes et le père de son aimée disposèrent huit grands bols de pierre remplis d’eau de la rivière, que la divinité changea en Saké délicieux, Susanoo assit la jeune fille au ilieu du dispositif de défense, de manière à ce que ses traits purs se reflètent à la surface de l’ensemble des flasques de Saké.
Puis, le dieu attendit, silencieux et farouche, le crépuscule advint sur la montagne, seize astres clignèrent dans la nuit noire, les yeux du serpent octocéphale qui s’approchait.
Ses regards flamboyaient d’avidité, à la pensée de la délicate créature qui leur échoirait bientôt, il imagina déjà les os fragiles entre ses multiples crocs, à la vue des huit reflets qu’il pris pour huit jeunes filles, il plongea les têtes dans les vasques et chaque coup de langue bifide était un paradis d’ivresse.
Le serpent but, chanta, but encore, refit le monde, but une nouvelle fois, chercha querelle à son reflet, but de nouveau, déclama son amour pour la saveur unique des jeunes filles innocentes et finit par s’assoupir, une gueule dans chaque reste de flaque de Saké, totalement ivre.
Le sabre de Susanoo fendit alors l’air par huit fois, huit têtes reptiliennes roulèrent au sol, l’union pouvait être célébrée.
Alors qu’il découpait la queue de la dépouille, le dieu des tempêtes y trouva une épée miraculeuse, Kusunagi-no-Tsirugi , il en fera présent à sa sœur solaire, Amaterasu, en gage de leur réconciliation, cette arme sacrée fait partie du trésor impérial du Japon.
A méditer : A la première coupe, l’homme boit le saké, à la deuxième coupe, le saké boit le saké, à la troisième coupe, le saké boit l’homme.
La colère de Tsukuyomi le dieu de la lune
Tsukuyomi est une divinité très mystérieuse et ancienne, une cérémonie lui est traditionnellement consacrée la nuit du 15 Août, on lui offre des épis de roseaux ou de riz, car il préside également aux récoltes, tout en admirant l’éclat de l’astre lunaire, on l’appelle parfois ‘’l’homme lecteur de la lue’’, son nom est un mélange entre les Kanjis (écritures Japonaise) lune (Tsuki) et lecture (Yomu), il fait partie des trois enfants divins nés du bain rituel d’Izanagi, après avoir gravi le pont céleste, il règne sur le royaume de la nuit.
D’après la légende, un jour, Tsukuyomi fût convié à un banquet par la déesse de la nourriture Ukemoshi, qu’il honorait de sa lunaire visite, heureux, il pris place devant les nombreux mets présentés, pour lesquels, il remercia Ukemochi, celle-ci fit face à l’onde de l’océan et cracha dans l’écume, de sa salive naquit un fantastique poisson, qui fut préparé et ajouté aux plats délicieux.
Kami de la nourriture
Tsukuyomi, vaguement dégouté, posa ses baguettes, il contempla l’œil vitreux de la créature, posée tête à gauche, selon l’étiquette traditionnelle, la faim l’emportant, Tsukuyomi continua son repas.
La Kami de la nourriture, en bonne hôtesse, voulu proposer encore plus de plats à son invité, elle fî face à la forêt, et sa gorge enfla, du gibier fabuleux en sortit avec force et contorsions, sous le regard effaré de Tsukuyomi, elle le remarqua et pensant qu’il n’aimerait pas manger cela, lui proposa d’autres choses, elle toussa et renifla bruyamment, créant instantanément un bol de délicieux riz gluant, Tsukuyami se leva de précipitation horrifié.
Ukemochi au désespoir, se sentit déshonorée par cette désertion, se détournant, elle s’accroupi, et fit sortir du bas de son corps, une envolée de desserts.
Dégouté au-delà de l’imaginable, le dieu de la lune se rua sur son hôtesse et la pourfendit de son Katana avant de s’en retourner vers sa demeure nocturne.
En se décomposant, le corps de la déesse de la nourriture devint des champs de riz, de céréales et de légumes, de ses sourcils jaillirent des vers à soie.
La déesse Amaterasu ne pardonnera jamais cet assassinat à son frère lunaire, c’est pourquoi elle évitera désormais sa compagnie, encore aujourd’hui, le soleil et la lune ne règnent jamais ensemble…
A méditer : Une réputation de mille ans peut être déterminée par la conduite d’une seule heure.
‘’De temps en temps les nuages nous reposent, de tant regarder la lune’’
Matsuo BASHO (1644-1695), voir ci-dessous
La danse d’Ame-no-Uzume déesse de l’aurore
Les dieux et les esprits du Japon, désespérant de cette nuit éternelle, décidèrent de tenir un banquet devant l’entrée de la grotte où s’était confinée Amaterasu.
Vantant la qualité de la nourriture, ils appelèrent, sans cesse, la déesse solaire recluse afin de les y rejoindre, essayant de la faire sortir sans succès.
Alors débutent les danses, le charivari atteint son comble, dessous, sur terre, les humains croient la fin de leur monde arrivé, tous acclament Ame-no-Uzume afin qu’elle danse pour eux, la déesse de la gaité et de la bonne humeur s’exécute de bonne grâce.
Elle s’élance, agile, sensuelle, coquette, court vêtue, elle effectue des sauts, des levers de jambe hypnotiques, sa chorégraphie est somptueuse, ses pas sont le scintillement de l’eau dans une rivière de printemps, c’est un triomphe, le monde entier l’ovationne, rit et s’esclaffe.
Il fait toujours nuit noire, ils s’amusent tant que la déesse Amaterasu se demande depuis les profondeurs de son antre, ce qu’il y a de si passionnant dehors, sans sa présence et va donc constater, a ses interrogation, les dieux lui répondent, qu’elle prenait trop de temps pour sortir, et donc qu’ils l’on remplacée.
C’en est trop, Amaterasu, le cœur gonflé par la jalousie, fait glisser légèrement le grand roc qui bloque l’entrée de sa caverne et jette un coup d’œil au-dehors, ce qu’elle voit la méduse, une déesse à la beauté irréelle et solaire lui fait face !
Elle demande donc qui est-elle ? et Ame-no-Tajikarao le dieu de la force lui répond, qu’il s’agit de son propre reflet dans un miroir de bronze, la prenant par le bras, il l’extirpe de sa cachette alors qu’elle est sans défense ; éblouie par sa propre image, les autres Kamis bloquent l’entrée de la caverne avec un Shimenawa, une corde sacrée en forme de tresse, Amaterasu ne pourra plus retourner dans sa cachette.
Acculée, elle fait contre mauvaise fortune bon cœur, du moment que Susanoo est banni du royaume des cieux, elle illuminera de nouveau le monde, et ce fut ce qu’il advint.
A méditer : Qui ne touche pas à un dieu, n’est pas exposé à sa vengeance.
‘’ Point du jour l’alouette chante du fond de la pluie’’
Kobayashi ISSA (1763-1828), voir ci-dessous.
La retraite d’Amaterasu, la déesse du soleil
La déesse Kami Amaterasu est la divinité principale du Shintoïsme Japonais, la religion de ‘’la voie des Dieux’’, Maîtresse des splendeurs du ciel, le Takamagahara, la résidence des Dieux céléstes Shintö, elle a enseigné aux hommes à cultiver le riz, le blé et à élever les vers à soie, elle aurait également présidé au tracé des magnifiques paysages du Japon.
Depuis sa haute plaine du paradis, la déesse de la lumière a pour descendants la famille impériale Japonaise, c’est pourquoi, depuis des siècles, certaines princesses non mariées, deviennent grandes prétresses du temple d’Isle qui lui est consacré, le disque solaire figure également sur le drapeau Japonais en son honneur.
Temple dédié à Amaterasu
Si Amaterasu règne sans conteste sur le Japon, le début de sa gloire ne fût pas sans heurts ni rivalités, lorsque son père Izanagi bannit l’un de ses frères, le remuant dieu Kami Susanoo, celui-ci vint lui faire ses adieux.
La déesse solaire était méfiante, le dieu de l’orage, malin et capricieux, venait peut-être lui jouer des tours dans sa propre demeure, en effet derrière le sillage de ce dieu sournois et belliqueux, ne régnaient que malheurs et paysages dévastés.
La suite des évènements lui donna raison, après un concours de création de divinités à l’issue incertaine, durant lequel Susanoo mâcha les perles de fécondité du collier sacré d’Amaterasu pour créer de nouveaux dieux, le Kami des tempêtes eut l’arrogance de se proclamer champion.
A la suite de cette victoire contestée, il défia ouvertement le pouvoir de la déesse du soleil et dénigra son hospitalité.
Un jour, il lança un cheval mort en plein milieu de l’atelier de tissage d’Amaterasu, où elle oeuvrait avec ses suivantes, l’une d’elles fut mortellement blessée suite aux agissements de Susanoo, scandalisée et meurtrie, Amaterasu se retira dans les profondeurs de la caverne d’Ama-no-Iwato, actuellement située dans la préfecture de Miyazaki.
Entrée caverne d'Ama-no-Iwato
Désormais privé de soleil, le monde des Dieux et des hommes plongea dans l’obscurité…
A méditer : Le papillon bat des ailes comme s’il désespérait de ce monde.
‘’Les jours lointains sous un soleil radieux plus lointain encore’’
Shuoshi MIZUHARA (1892-1981)
Naissance des dieux du soleil, de la lune et de l’orage
Le dieu Izanagi scrute les traits tirés dela belle Izanami, la déesse Kami est étendue, magnifique avec sa coiffe blanche et ses pivoines encadrant sa longue chevelure, elle murmure, harassée par le travail de l’enfantement ; ‘’Sans savoir pourquoi, j’aime ce monde où nous venons pour mourir …’’
Izanagi est au désespoir, Izanami est brulante, déjà ses pupilles se voilent de pourpre, Ah l’enfant maudit qui lui ravira son épouse à jamais !
Le corp de la déesse se consume, calciné, entre les jambes couleur de cendre de la mort, un bébé flamboyant : Kagutsuchi, le dieu du feu.
Izanagi hurle, il s’empare du petit être rougeoyant, le dépèce et de son cadavre démantelé jaillissent huit dieux des montagnes, de son sang huit autres divinités, même dans l’infanticide, le dieu créateur œuvre, puis , il se remet en marche.
J’irai te chercher, j’en fait le serment sacré, mon âme, le Tama, papillon aux ailes de vent, s’envole vers le Yomi-no-Kuni, le pays de la nuit.
Loin était le monde souterrain de l’impur, mais Izanagi, en pleurs, a tenu bon, escorté par huit vieilles sorcières laides comme des chauves-souris, les Yomotsu shikome, il a pénétré dans le royaume des ténèbres, ici l’obscurité est totale, complète, angoissante, autour de lui frétillent des corps froids et gluants.
Les sorcières, Yomotsu Shikomé
Il appelle son épouse, entend un bruit de pas feutré, et une réponse affirmative, Izanagi frissonne, la voix d’outre-tombe n’est plus vraiment celle de sa douce aimée, un piétinement de mille-pattes y grouille, le coassement reprend, ‘’père de mes enfants, j’ai mangé de la nourriture infernale, l’accord des divinités des enfers nous sera nécessaire à mon retour ‘’.
Izanami aux enfers
Izanagi n’est plus si certain de vouloir revoir son adorée, il se force, l’enlace à l’aveugle, un amoncellement d’asticots se tortillent de passion entre ses bras nus, il se détache de cette emprise, et s’entend dire : ‘’pourquoi reculer ? mon ombre aussi déborde de vie !’’
Izanagi cherche un peigne dans ses affaires, y met le feu à une dent, et voit la mère de ses enfants apparaître décomposée et pourrissante, Il s’enfuit en la répudiant, il obstrue l’entrée des terres de l’obscurité par un rocher.
Izanami est changée en esprit vengeur, un Yokaï, elle le maudit, ainsi que tout son peuple, elle tuera mille âmes du Japon chaque jour.
Son époux ordonnera à ses sujets de donner naissance à mille cinq cents enfants pour contrer cette promesse macabre, le cycle de la vie et de la mort est instauré.
Après avoir fui le royaume des ténébrès, Izanagi doit se purifier par une ablution rituelle, le Misogi-Harai, trois dieux Kamis naissent, alors qu’il se lave le visage, Amaterasu, la déesse du soleil, naît de son œil droit, de son nez naîtra Susanoo, le dieu de l’orage et des tempêtes, lassé de gouverner, il leur cède son royaume en partage…
Naissance Amaterasu et Susanoo
A méditer : Demain soufflera le vent de demain.
‘’Ce couchant d’automne on dirait le pays des ombres’’
Matsuo BASHO (1644-1695)
La création des îles du Japon
Au commencement était le chaos, Le Japon, le pays intermédiaire aux plaines de roseaux, n’existait pas encore.
De ce mélange primordiale émergèrent trois forces des cieux : les Kotoamatsukami, ensuite vinrent d’autres divinités, maîtresses des nuages et des champs.
Tous sont des Kamis, des esprits et dieux du Japon, deux d’entre elles formèrent alors un couple ; Izanagi et Izanami, ‘’celle qui invite’’.
Un jour, alors qu’ils se tenaient tous deux romantiquement sur le pont céleste flottant entre la terre et les cieux, ils brandirent haut une lance aux magnifiques pierres précieuses, nommée Ame-no-ukihashi, celle-ci leur avait été offerte par les autres Amatsukami, les divinités du ciel.
Des larmes de sel gouttèrent de l’arme divine, elles tombèrent dans les flots, qui frissonnèrent, l’île d’Onogoro jaillit des eaux dans un cataclysme assourdissant, sous leurs regards enamourés.
Vois, Izanagi ! Un grand pavillon entoure une colonne magnifique, au centre de l’île, les jeunes dieux descendirent vers cette imposante salle aux huit marches, épris de cette splendeur dont ils étaient l’origine.
Ils déambulèrent dans cet endroit sacré et le trouvèrent à leur convenance, ils s’y marièrent donc heureux, de leur union naquirent les Oyashima : les îles principales de l’archipel du Japon, puis d’autres îles, ainsi qu’une multitude de divinités de la nature et de la culture Japonaise afin de peupler et faire fructifier ces nouvelles terres.
Izanagi et Izanami devinrent les divinités de la création Shintoïste, grâce à eux, qui séparèrent les eaux, ainsi qu’à leurs enfants, qui dispersèrent la brume et les nuages, la clarté vint sur terre.
Entre montagnes, plaines et océan, l’histoire du Japon pouvait débuter.
A méditer : Une rencontre n’est que le commencement d’une séparation.
‘’Rien qui m’appartienne sinon la paix du cœur et la fraîcheur de l’air.’’
Kobayashi ISSA (1763-1828)
Date de dernière mise à jour : 27/05/2022